Dernière partie du dossier consacré à Katawa Shoujo, cette fois-ci, nous allons rentrer dans les théories des fans et dans les personnages secondaires.
Après vous avoir présenté la genèse de Katawa Shoujo ainsi que le principe du jeu, puis vous avoir expliqué quelles filles le jeu suivait et les mèmes qui les caractérisaient, on arrive à « l’univers étendu » : car oui, un certain nombre de gags et d’avis ne sont compréhensible qu’à condition de bien connaître le jeu ou certains personnages secondaires, ou les engueulades des fans. Et puis, surtout, j’avais envie de donner mon avis… Mais avant cela, pour que l’article ne soit pas complètement illisible, il y a quand même une section consacrée aux (superbes) fans arts !
En outre, en plus d’avoir reçu les félicitations de RAITA, Katawa Shoujo a inspiré d’autres personnes à créer des Visual Novels (la team 4Leaf ayant annoncé sa dissolution après cet épisode…) reprenant la même idée. Le jeu aura même le droit à une sortie sur DVD et des art-works réguliers sortent de temps en temps. (A tel point qu’il m’arrive de confondre certains artworks et certains travails de fans.) Le DVD du jeu était même vendu à la Japan Expo par l’équipe de Kawa soft. (Et disponible en pré-commande, même s’ils semblent submergés par les envois.)
Du coup, Katawa Shoujo fit un buzz qui poussa les gens à se mettre aux visuals novels ou à tenter de faire leur mêmes Visual Novel. Ainsi, les gars du Somnova Studios qui ont décidés de monter « Missings Stars » ne se le cachent pas : « Oui, c’est Katawa Shoujo mais avec des personnes ayant des problèmes mentaux » (bien plus risqué à mon avis, mais bon…) ou bien Love Despite avec une école de réhabilitation pour jeunes filles.
(Renée Baum de « Missing Stars »)
A défaut d’avoir une suite de fan sous forme de Visual Novel (ce qui aurait représenté un parfait exemple de serpents se mordant l’appendice terminal) Katawa Shoujo a connu aussi quelques jeux en flash « fan-mades. »
Katawa Crash : Un jeu où il faut envoyer Hisao le plus loin possible et où chaque rencontre transforme le jeu en pouvoirs de plus en plus bizarres.
Katawa Shoujo Lite : Un rip-off de Castlevania avec Kenji dans le rôle principal qui se bat contre les héroïnes du jeu.
Sans parler d’autres choses comme Katawa Sheiyu, quelques passages de Katawa Shoujo doublé par des acteurs.
Evidemment, il y a eu des réactions sur 4chan, de gens expliquant à quel point, le handicap n’a rien de sexy !
Et d’autres qui se sont fait un fandom des personnages qui n’existeront jamais :
(Certains sont peut-être des artworks, le talent des fans et des créateurs étant tel qu’il m’arrive de confondre…)
(Un des rares fan-art mettant en scène Shizune… elle est un peu mal aimée…mais ça se comprend.)
Ha oui, en grand fan du personnage de Rin, j’ai par contre eu tendance, inconsciemment, à sélectionner des fan-art la mettant en scène…
(Suggestion que Rin serait celle ayant peint le tableau bizarre du couloir (voir première chronique…) ce qui n’est jamais expliqué.)
« Je n’ai pas de bras pour t’enlasser. »
A noter qu’Akira, la soeur de Lilly a le droit à ses propres fans et ses propres fan-arts.
A ne lire, que si vous avez fini ou si vous n’avez pas peur de vous gâcher complètement l’expérience de jeu (certaines surprises étant quand même les meilleures…)
« Donc, j’ai joué la démo de ce jeu, Katawa Shoujo et… »
« Misha meurt, Rin est violée par son pof, Lilly est humiliée par sa pauvreté, la mère d’Emi est en fait une prostitué et elle n’a jamais sû qui était son père, Hanako a démarré le feu qui a tué ses parents et Shizune est pourrie. »
Comme je l’ai dis, il y a tout un fandom autour du personnage d’Akira.
« Je réaliserais ton voeux si tu fais un contrat avec moi, Hisao. »
« Tu ne peux pas nous stopper Hisao. D’abord le japon. Puis le monde. Il n’y aura plus personne pour nous empêcher de prendre le contrôle de l’univers. «
Autre chose, le personnage de Yuuko réapparait parfois dans les fantasmes des fans, vu qu’il s’agit d’une jolie fille avec laquelle Hisao est ami. Et dans un jeu de drague, une amie peut vite devenir une petite amie.
« Yuuko tente de se lever de sa chaise, perd l’équilibre et risque de tomber par terre. »
« Option 1 : Partir. » « Option 2 : Profiter du fait que Yuuko soit ivre. »
On trouve aussi pas mal de discussions de fans autour du fait que Yuuko ai pu être l’ex petite amie de Kenji. En effet, celui-ci dit qu’il est sorti avec une fille, plus agée que lui, et que c’est en partie à l’origine de son mysoginisme. Or, Yuuko est plus agée, étant donné qu’il paye ses études là où les personnages semblent être au lycée. De plus, elle dit elle même que son ex petit ami était jeune. Les deux se croisent jamais, Kenji semblent ne pas vouloir aller à la bibliothèque, et son agoraphobie pourrait venir du fait qu’il ne souhaite pas la croiser.
« Mec, frappe la prochaine fois. »
SInon, la liste des suppositions des fans est super super longue. Elle compte parmi ceci :
J’avais oublié de mentionner la semaine dernière,mais les créateurs de Katawa Shoujo aime bien raconter n’importe quoi et laisser les fans s’embrouiller sur ce qu’elle pourrait être.
Développeur : Le problème de Misha est qu’elle s’est brisé un ongle et ses parents ont sur-réagi.
Réactions : « Haha ». « Horrible ». » Je vais le répéter ». « Confirmé par un développeur ». « C’est Canon »
Développeur : « Vous pouvez le répéter. »
Réactions: « Lol » « Je pense que Misha à le pire, un ongle cassé. »
Développeur : « oui, c’est plutôt dur. Si elle n’est pas immédiatement soignée, il y a 5% de chance que cela s’infecte. »
« Développeur de KS » « Développeur de KS »
« Quel est mon problème ? »
« Tu as le cancer. »
« S’il te plait. Hichan »
« Réconforte-moi. Juste pour Aujourd’hui. »
HNNNNNG
« Quoi ! C’est un PIEGE !! »
« Je t’avais demandé de me réconforter »
« Pas de me réconforter avec ton pénis. »
« Tu veux savoir quel est ma particularité ? »
« Je suis lesbienne ! »
Au passage, les auteurs ont expliqué que le fait que Misha porte un t-shirt « Bush / Cheney » impliquait qu’elle était lesbienne (et non républicaine.) En effet, les filles de chacun d’entre eux se sont affirmées être lesbienne.
Autre question qui fait un peu trembler les fans… et si le joueur avait violé Hanako ? En effet, caché derrière sa timidité, Hanako ne dit jamais non… mais ne dit pas oui. Et si on avait abusé de sa gentillesse afin de coucher avec elle ?
« Les forums de Katawa Shoujo discutant de Katawa Shoujo »
« Les forums de Katawa Shoujo discutant de la meilleure route / de savoir si Hisao a violé Hanako / de savoir si Lilly ou Hanako ne sont pas surestimés. »
« Hanako : Mais je veux rester avec toi et Lilly »
« Je ne peux pas profiter de la situation. Je suis un gentleman et un gentleman ne profiterais pas d’une fille dans ce genre de situation. »
« Ha ha … Je suis morte bourrée. »
« Je sais…. je ne suis pas jolie… j’aimerais que tu aime la vraie… moi »
« Elle veut baiser. »
« Maintenant… nous n’avons plus besoin de mots. Ce que l’on pourra communiquer ensemble,on le fera sans cela. »
« 4 secondes plus tard »
« Il doit me détester… pourquoi suis-je inutile ? »
« En réponse après avoir joui en elle. »
« Bien. Maintenant nous pouvons avoir des enfants et une vie heureuse. »
« Je… suis si heureuse que ma première fois soit avec toi. »
« Idiot ! Previens moi avant de faire ce genre de truc ! »
« Hein ? Il s’est passé quoi ? »
« Qu’est ce qui se passe ?Qu’est ce que tu fais ? »
« Déjà fini ? »
Il y a aussi toute une foule de questions que les fans se posent :
– Qu’il y a t’il dans le colis que Kenji reçoit ?
– Et si Shizune savait lire sur les lèvres mais ne le disait pas ? (Ce qui renvoi à un gag publié la semaine dernière…)
– Et si Hanako était responsable du feu qui a tué ses parents ?
– Combien de temps, Hisao vit-il après la fin du jeu ?
« La raison pour laquelle Hisao est si fatigué est parce qu’il dort debout. »
Lorsqu’Hisao se réveille, on le voit voir son lit, et non dormir dedans. Rester debout pour dormir n’est pas très bon pour la santé.
– Que devienne les filles lorsqu’on ne les choisit pas comme petites amies ? En effet, le fait qu’on les aide à évoluer dans leur vie en devenant leur petit ami peut renvoyer au fait qu’elles finissent malheureuse
En arrière plan « Pourquoi tu m’as dessiné comme ça ? »
« Parce que tu ressemble à ça. »
« Hé, tu as un problème ? »
« Non. » « Je n’ai aucun problème. » « Aucun »
« Tout ce que je dis est vrai. »
« Tu aime cette peinture ? Je l’ai intitulée « Bande de salauds, je pensais que vous étiez mes amis. »
« Hé, Hanako, combien de cicatrices à tu ? »
« Plus de 9000«
« Quoi 9000 ? »
« Ca ne peut pas être possible. »
« Viens Hisao »
« Nous allons voyager dans le temps. »
En faisant mon enquête autour de Katawa Shoujo, je suis tombé sur plusieurs critiques assez instructives du jeu, dont plusieurs, celle d’Helia et celle de Concombre Masqué, qui revenaient sur le scénario personnages par personnages. Du coup, j’ai eu envie, moi aussi, de donner mon avis.
A vrai dire, j’ai fait le jeu sans vraiment savoir de quoi ça parlait et je n’avais pas vraiment d’à priori sur le jeu. J’ai même pensé plusieurs fois que le sujet était autre :
– En voyant Kenji agir bizarrement, j’ai pensé que le gars voyageait dans le temps à reculons (comme ce personnage dans Hypérion) et du coup, je me suis demandé si au fond, les personnages sous leurs problèmes apparent n’étaient pas des extra-terrestres ou je ne sais quoi d’autre, ce qui obligerait le récit à revenir dans le temps (assez ambitieux.)
– En voyant mon personnage mourir à la fin de la première journée, je me suis demandé à un moment s’il ne mourrait pas à la fin de TOUTES les histoires, mais que selon la personne avec laquelle il a sympathisé, le récit se poursuivrait et verrait l’histoire à travers les yeux de l’autre.
Du coup, cela fait deux scénarios géniaux pour des visuals novel. Si des gens veulent s’y essayer.
Après, mon avis sur les personnages, dans l’ordre dans lequel je les ai fait. A noter que cet avis n’est réservé qu’aux gens ayant finis le jeu (ou du moins une des routes citées…)
J’ai beaucoup aimé, mais comme bien des gens, cela m’a beaucoup touché notamment à cause de mon passé. Je me souviens plus de qui disait qu’il valait mieux avoir eu une maturité sentimentale et avoir vécu quelques histoires d’amour afin d’être bien plus touché par le jeu « Katerine » mais je pense qu’il y a de ça : quelque part, le jeu m’a parlé de moi, de mes rencontres et de mes échecs passées. Aussi, j’ai rencontré une nana comme Rin : complètement perchée, dans son monde, avec des réflexions étranges dont on ne sait pas si on doit les prendre au sérieux. On ne sait pas ce qu’elle nous veut, et elle non plus ne sait pas trop ce qu’elle ressent. Et lorsque j’en parlais aux gens, personne ne comprenait pourquoi je tentais de sortir avec elle.
Et l’histoire se montre assez intéressante en ça, ajouté au fait qu’Hisao le dit lui même : il est totalement imperméable à l’art. C’est un scientifique, il ne connaît pas grand chose à l’histoire de la peintureet tente de s’y intéresser plus par fascination ou par la recherche de quelque chose que par une réelle envie de création artistique. Et durant le jeu on aura beaucoup ce rapport à Rin où on ne sait pas trop ce qui nous fascine chez elle (c’est le personnage le moins sexy du jeu, elle est à l’ouest, assez distante, etc…) mais cela fonctionne : certaines scènes nous font bien accrocher au personnage (la scène du rhume, le fumage de clope, etc…) et ses fins que ce soit la neutre ou la bonne sont émouvantes par leur simplicité. D’ailleurs, il y a un parallèle étrange avec le personnage d’Hanako : toutes deux ont vécues dans leur monde et ne savent pas si elles doivent en sortir pour aller dans les bras d’Hisao ou rester à l’intérieur de leur univers.
Cerise sur le gâteau, c’est celle qui a la scène « Hentaï » la plus « intéressante » du lot, puisque dans celle-ci, Hisao, se sert de ses mains, lui permettant de faire choses qu’elle ne pouvait pas faire auparavant, et c’est décrit assez finement. Cela m’a d’un seul fait prendre conscience des difficultés sexuelles des handicapés (une question toujours en débat régulièrement.)
Même si j’aime moins la route d’Emi que celle de Rin, j’ai tout de même été assez ému par la fin. Et pourtant, c’était pas gagnée, parce que le coup du « papa-mort-dans-le-même-accident-de-voiture-que-celui-qui-m’a-fait-perdre-mes-jambes » était quand même visible comme un troupeau d’éléphant sur le parking d’un supermarché désert. Et alors qu’Hisao est assez lourd à vouloir « vraiment savoir » ce qu’on avait tous perçu, l’auteur décide d’un seul coup de glisser vers quelque chose de plus subtil où Emi évite d’en faire des caisses sur cette mort, préférant nous expliquer à quel point cela a affecté sa relation avec les garçons et qu’on est celui qui a enfin réussi à percer l’armure. Et là on craque, surtout que si on s’est pris un râteau dans une des fins alternative, on a l’impression de s’être investi pour elle.
Emi est assez bien fouillé, car on a cette impression qu’avec un personnage aussi souriant et aussi énergique, ça va être facile. Surtout que les passages sportifs sont largement abusés sur l’exaltation du sport (c’est quand même bien plus subtil avec Rin et l’art.) Mais j’ai été parfois été surpris par son attitude, notamment l’attitude mesquine, les yeux plissées et le regard méchant lors d’un déjeuner chez sa mère. Je ne me souviens plus du dialogue exact mais la balle au bond avait été bien saisi.
Je l’avais dis dans la deuxième chronique, elle m’a aussi rappelée une de mes ex, dans sa manière de faire le premier pas et dans sa sexualité qui semble dire « bon, on est plus des ados, on sort ensemble toi et moi, ça serait idiot qu’on fasse pas des trucs. » Du coup, j’ai pas trouvé la scène dites « de l’élargissement de nouveaux horizons dans la salle de sport » SI déplacée que ça, même si ça tiens plus du gag qu’autre chose.
Lilly :
Putain, mais j’aime pas Lilly. Lilly c’est la Marie Sue incarnée et je l’ai vue venir bien avant de commencer sa route et lorsque j’ai appris qu’elle ressemblait trait pour trait à la nana qui en avait écrit l’histoire, j’ai fait « ha bah, tiens, ça m’étonne pô. »
Bref, je me suis fait CHIER à jouer cette route qui est bien trop près des clichés du romantisme et sans trop de rebondissement, ni même de complexité psychologique : Elle et Hisao sont beaux et amoureux, ils se comprennent l’un l’autre, mais dans les derniers chapitre arrive « enfin » un rebondissement sa graaande famille bourgeoise d’Ecosse les force à se séparer. Lilly est un personnage de Soap Opéra égaré dans une nouvelle psychologique, et elle ne peut pas faire l’amour avec Hisao sans l’avoir étreint devant le soleil couchant (passage très bien dessiné) et après lui avoir répété je-t’aime à tout bout de champs. C’est l’inverse de l’émotion que j’ai eu avec Rin : ok, la fille a un corps parfait, ok, elle est adorablement gentille et très sexy, mais… j’ai du mal à y croire. Tout m’a semblé tellement faux.
« »Ne me quitte pas… » »
« Vous quitte »
Alors, je ne peux pas dénier une chose : on a ENFIN une trame où le paradoxe avec Hisao est mis en scène : il ne peut pas tomber amoureux sinon il meurt, même si c’est évoqué avec Rin ou Hanako. Ici, c’est plutôt bien décrit, même si tout à coup, ça rend Hisao totalement faible pour un oui ou pour un non. Bref, je me suis franchement ennuyé et contrairement à Concombre, si j’ai de la sympathie pour Akira, j’ai aucune attirance pour elle et à un moment, j’ai cru qu’elle était issue de ces personnages de mecs qu’on avait considéré comme des femmes à cause d’une mauvaise traduction du japonais. Avant de me dire que KS n’est pas japonais.
J’ai eu ma petite larmichette. Et pourtant, au vue des mèmes, je sentais qu’on allait vouloir me faire pleurer et que ça allait verser dans le mélo. Et finalement, l’émotion n’est pas là où je pensais l’avoir. Je m’imaginais qu’on allait bien insister sur le pathos, me dire qu’Hanako a vu ses parents mourir dans le feu et en faire des tartines sur « mes parents sont moooorts. » Et puis non. C’est évoqué deux fois et assez simplement. Point.
Mais là encore, ça m’a pris par surprise et je suis contre l’avis d’Hélia : oui, la « mauvaise fin » est totalement cohérente avec la « bonne fin » et en ça, l’auteur s’est bien joué du joueur : plusieurs fois on nous propose des choix qui se résument par : « être gentil avec Hanako » ou « bousculer un peu Hanako » et on se dit que la pauvre, il faudrait pas qu’on soit trop méchant avec elle, elle est si timide et que le pauvre petit oiseau blessé a besoin d’attention. Et comme je voulais voir tout les embranchements, je me suis dit que j’allais aller directement vers la « bad ending » alors qu’au contraire, je faisais les bons choix, ce qui m’a totalement étonné. Et c’est là que j’ai trouvé ça intéressant, en expliquant au joueur qu’en étant trop mielleux, trop « chevalier blanc » il allait au mieux « être éternellement dans la Friendzone » ou au pire devenir comme un bon gros relou qui pavent l’enfer de bonnes intentions.
Idem, j’ai été moins marqué par Hanako expliquant son enfance traumatisante, que par Hanako expliquant qu’elle ne supporte pas son anniversaire car elle a l’impression que les gens se forcent à l’entourer d’une gentillesse mielleuse. Alors, peut-être que la fin est clichée et que le geste protecteur d’Hisao semble être paradoxal, mais il se finit bel et bien par une explication où elle pose noir sur blanc cette idée qu’elle ne veut plus qu’on la considère comme une petite poupée fragile et qu’elle veut que sa relation avec Hisao aille « au delà » de ça. Le « tu peux changer » est peut-être maladroit, mais pour moi il sonnait plus comme un « ON peut changer. »
Quand à la fameuse scène de sexe qui à des accents de viol, là encore, je la trouve cohérente dans le scénario de Katawa Shoujo. Nous avons là deux personnes : une fille qui se met à nu (au sens propre comme au figuré) pour la première fois devant un homme et qui espère qu’en passant sa sexualité avec lui, il la considérera comme « autre chose » qu’un objet à protéger et la regardera comme une fille mature, et de l’autre, on a un mec qui est puceau et qui se dit juste « ho mon dieu, elle est nue, elle est jolie et on s’est embrassé… go for it, coco ! » Normal que ça se passe mal. Je caricature un peu, mais le fait qu’Hisao ne se dise après coup que « merde, mais c’est vrai qu’elle m’a même pas dit qu’elle était consentante » me fait penser à des couples d’amis dont la première fois s’est un peu passé de même. Ceci dit, elle le regarde mettre un préservatif, et ça la fait sourire. Faudrait pas prendre Hanako pour une demeurée totale sous prétexte qu’elle est timide.
« Mon dieu, tes dessins sont moches. On comprend pourquoi tes parents sont morts. »
Ha, et le thème d’Hanako, : « Painful History » est juste sublime. Je me demande comment ça se fait qu’il soit loin dans les thèmes préféré. Ok, il en fait beaucoup, mais justement : on a différents arrangements, du violon, de la flute, du hautbois. Ok, c’est du putain de MIDI, mais pour un mec élevé à coup de Super-Nintendo et de Windows 95 dans les oreilles, le Midi ça évoque pour moi tellement de choses.
Un des foirages du jeu par rapport à la promesse initiale, c’est que la route de Rin était censée être la plus difficile à atteindre. Or, si le personnage est compliqué à suivre, débloquer sa route n’est pas si complexe que ça : il suffit juste de ne jamais trop s’investir dans différents trucs et on y arrive. Par contre, pour débloquer la route de Shizune, il faut le vouloir : avaler des couleuvres, se faire humilier sans cesse, ne pas la pousser hors de chez soit alors qu’elle trifouille dans nos médicaments, souhaiter rester manger avec elle au lieu d’aller voir la finale. Au final, tout le monde la débloque en dernier histoire de compléter le jeu à 100% et pourtant, au début de sa route, elle commence ENFIN à être sympathique dans ce moment où elle étant les bras pour vous montrer l’étendue du ciel. Un truc se crée.
Mais étrangement, c’est avec Shizune et Misha que je me suis le plus marré. Sans doute parce que les deux personnages sont tellement grotesque qu’une distance se crée et qu’elles ne vous humilient plus, elles humilient Hisao, un gars assez con pour les suivre. Et à partir de ce moment là, ça devient drôle et le père de Shizune est tellement outrancièrement pédant que ça en devient marrant. Là encore, tout comme sa cousine, Shizune est un personnage de soap opéra égaré, mais cet aspect la rend plus drôle qu’autre chose. Le seul problème, c’est que l’histoire est bien trop longue et qu’on aurait largement pu élaguer entre les histoires de conseils des étudiants, la manie qu’a le personnage de vouloir jouer à des tas de jeux (et dont on ne verra pas la partie). Et les scènes de sexes sont un peu placées là pour justifier le tout, même si le côté « dominant/dominé » est pas trop mal traité.
(Même si les fans aiment renverser certains côtés « dominant / dominés. »)
Et puis, il n’y a pas de Shizune sans Misha, et Misha est un personnage extrêmement positif malgré tout (d’ailleurs, suivre ses conseils, sur les autres routes, est le meilleur moyen de réussir le jeu…) Et c’est d’ailleurs d’elle que vient LE passage qui m’a coupé le souffle de cette histoire : Misha se révèle bien plus complexe que prévue et moi qui regrettait au départ qu’elle n’est pas sa route à elle, je suis très content du développement donné au personnage (avec l’une des scènes de sexe les plus amères du jeu…)
Mais même en traitant deux personnages au lieu d’un, ça reste quand même LONG !
Bilan :
J’ai pris plaisir à faire ce jeu, même si parfois, j’ai du faire des pauses : lire des tonnes de texte (en anglais pour moi) à une heure du matin fut une aventure assez éprouvante ! Non, cela n’a pas changé particulièrement la vision que j’avais des handicapés, ni même celle que j’avais des filles ou des relations amoureuses en générales (le bon vieux mythe du bouquin dont la lecture « change la vie à jamais » à la dent dure.) Par contre je suis tombé sur des histoires assez émouvantes et bien prenantes, et j’adorerais lire d’autres visual novel du même type. Rien qu’en écrivant cette chronique, je m’en veux d’avoir laissé mes sauvegardes ailleurs.
Du reste, voici mon top :
1)Rin
2)Emi
3)Hanako
4) Ex Eaquo : Shizune et Lilly
Et s’il vous reste du temps, voici un sondag anglais sur la saga :
Lurk Moar :
Katawa Shoujo : Know Your Meme
Katawa Shoujo : TvTropes
Explication des termes propres au Visual Novel
Néan Vert : Choisir la bonne fille dans Katawa Shoujo
Oui ce qui est génial avec KS c’est aussi la communauté qu’il y a autour, les discussions, les débats, les fanarts… (un peu comme Touhou ! 😉 😉 😉 😉 *message subliminal*)
Ces trois chroniques étaient vachement intéressantes, et j’essayerai de finir le jeu à 100% quand j’aurai de nouveau du temps libre. C’est à dire dans longtemps. Fuuuuu.
Bref, merci à toi ! o/
Bonjour,
et bravo pour avoir eu le courage de rédiger ces 3 parties de cette critique/dossier.
Sans rentrer dans le détail de ta critique, qui reste un avis, bien que cet avis soit – dans le cas présent – très bien développé et très bien argumenté, et qui donc, reste un point de vue personnel (chacun ses goûts, chacun ses opinions, à partir du moment où on est capable de les argumenter un minimum…) …
Bref, sans rentrer dans le détail de ta critique, je voudrais juste revenir sur une phrase :
—> (le bon vieux mythe du bouquin dont la lecture « change la vie à jamais » à la dent dure.) <—
Comment dire ? Ce n'est pas parce qu'aucun livre (ou aucune œuvre véhiculant un message, que ça soit un livre, un film, un VN, peu importe…) n'a changé ta vie à jamais, que c'est pareil pour tout le monde.
Certaines personnes sont peut-être plus sensibles que d'autre aux contenus et aux messages qu'elles perçoivent dans des fictions (ou dans des essais dans le cas des livres), mais me concernant par exemple, si certaines œuvres ne m'ont finalement marqué que durant quelques mois ou quelques années (car, oui, quand on lit certaines choses "très jeune", on peut facilement croire qu'on a trouvé la lumière, que ça nous marquera toute la vie, et que maintenant, on détient la vérité… bon, j'exagère un peu… ou pas…), il y en a que j'ai lu depuis déjà un certain nombre d'années maintenant (bon, ok, je suis encore jeune, je n'ai que 25 ans…), et pour lesquelles la marque est encore bien présente ; je ne peux pas forcément assurer qu'elles m'auront marqué à vie, car j'ai – en principe – encore longtemps à vivre, mais beaucoup d’œuvres et de messages ont réellement fait prendre des tournants différents à ma vie.
Je m'arrête là, j'ai fait un peu long (désolé), mais juste pour dire que ce n'est pas parce qu'aucun livre (ou autre) n'a changé ta vie à jamais, qu'il faut généraliser en déclarant que c'est un mythe.
Au plaisir de lire ta réponse.
Cordialement,
Kantaro
Bien évidemment, les livres ou la lecture permet de changer le point de vue que l’on a sur le monde et de changer ses habitudes, mais je critiquais surtout le cliché du « livre qui change la vie » ce genre de livre imaginaire ou la personne qui le lit change du tout au tout ses habitudes de cadre moyen et part au Vénézuela élever des chèvres. Par exemple, personne n’est ressortit de « L’Avare » de Molière en devenant moins avare…
Que des livres, films, séries, ou autre médias t’ai aidé à prendre conscience de certaines choses, donné envie de faire de nouvelles choses ou changé ton point de vue sur le monde, je veux bien le croire. Mais aucun ne « change la vie à jamais. »
Bah encore merci de m’avoir fait découvrir le jeu.
Salutations,
Ca fait un moment que je lis tes articles (ça date même encore de l’époque de lepost.fr), toujours très agréables à lire et résumant plutôt bien certaines « modes » du net si je puis m’exprimer ainsi.
Cette fois-ci, vu que tu allais rester un certain temps sur le sujet, j’ai donc commencé Katawa Shoujo la semaine dernière pour pouvoir tester mon premier « vrai » Visual Novel. J’entends par là que du genre je ne connaissais que vaguement le concept, principalement grâce à l’internet et aux animé (notamment « The World God Only Knows » parce que le héros passe l’immense majorité de son temps à jouer à des dating-sim / galge et n’arrête pas de faire l’apologie des filles virtuelles car elles auraient selon lui un comportement plus cohérent que les filles du monde réel).
NB : Comme l’article, ce commentaire comprendra certainement des SPOILERS.
Je ne suis pas vraiment en mesure de critiquer ce Visual Novel par rapport à d’autres vu le peu de références que j’ai en la matière, que ce soit sur le plan de la technique (graphismes, réalisation) ou du/des scénario(ii). Sur ce second point, j’aime bien l’idée paradoxale du personnage qu’on est supposé incarné qui peut crever à chaque fois qu’il éprouve un effort ou une émotion un peu trop forte (même si les deux ex machina qui en résultent sont assez peu crédibles parfois). Après m’être cassé les dents au début sur l’Acte 1, j’ai fini par tomber successivement sur deux routes, successivement Shizune / Misha puis Lilly. Il semblerait que ce soit les deux histoires qui t’ont le moins plu, je peux comprendre pourquoi à certains égards.
Dans le cas de Shizune, l’histoire est vraiment longue et chiante et n’avance pas pendant un moment, en introduisant des personnages secondaires assez inutiles (en particulier Hideaki qui m’insupporte) mais débouche sur un – unique – choix intéressant qui influe beaucoup sur la fin de l’histoire. Cela rend les relations entre les personnages un peu plus crédibles (et Misha regagne en intérêt) mais en même temps je suis d’accord avec le fait qu’ils auraient pu trouver un moyen pour abréger ça.
Concernant Lilly à présent, j’ai trouvé que l’histoire (et le personnage) étai(en)t certes cliché mais elle a quand même réussi à m’émouvoir dans la mesure où les passages sentimentaux sont assez bien orchestrés (des CGs et un accompagnement musical superbes peuvent faire des merveilles). La relation a l’air de se passer bien plus vite qu’avec Shizune (et il me semble que le background a l’air de partir dans deux directions complètement différentes suivant la personne qu’on choisit en fait) et reste assez agréable à suivre. Peut-être parce qu’elle est justement plus courte et donc plus supportable, aussi mièvre soit-elle.
Malheureusement, ce que je trouve dommage dans Katawa Shoujo (mais qui – je pense – peut s’appliquer à la plupart des titres du genre) est principalement la construction des histoires liée aux choix qui m’a l’air assez peu cohérente. Par exemple, le fait de ne pas avoir abordé tel sujet dans une conversation X fait que trois scènes plus loin Hisao ne trébuche pas par terre et n’est pas amené au choix d’expliquer ou non sa condition ce qui le condamne à rester sur le toit avec Kenji et à crever bêtement dans l’Acte 1 (c’est comme ça que j’ai fait pour mon premier « walkthrough » et j’ai pu changer la donne en modifiant UNE réponse ce que je trouve assez moyen). De même, dans la route de Shizune (celle sur laquelle je suis finalement tombée), l’unique choix arrivant par ailleurs très tard dans l’histoire – qui je le répète est assez intéressant au niveau des conséquences que le choix implique – ne change pratiquement rien aux dialogues qu’on a par la suite si ce n’est que ça finit plus tôt et plus abruptement (j’ai constaté la même chose avec Lilly aussi, à ceci près que le changement dans les dialogues est encore moins visible).
Ca n’empêche pas que je pense que Katawa Shoujo est une expérience qui m’a plutôt plu pour l’heure, je vais continuer avec les autres routes pour voir ce que ça donne, à commencer par celle de Rin que beaucoup disent la plus élaborée de toutes. Désolé pour le pavé un peu indigeste, il fallait que ça sorte quelque part.
Très bons articles, continue comme ça !
Petit signal, Renée Baum du jeu Missing Star n’est qu’un poisson d’avril.
Bon. Même si je n’ai pas fini Katawa à 100 %, je pense être en mesure de laisser mon avis. C’est vachement bien. Je suis un assez gros lecteur, et je fais souvent très attention aux choix et aux embranchements des histoires de jeux vidéos. On va dire que c’est de la déformation amateure ^^
La première fois que j’ai bouclé Katawa, avec Lily, j’ai été complètement pris par la subtilité de la trame. J’ai vraiment eu l’impression que le héros se mettait en couple avec Lily naturellement (même si OK, la scène dans le champ face au soleil couchant…) et que je n’avais pas, moi joueur, « forcé » cette relation. Je faisais les choix de dialogues qui me semblaient les meilleurs, et je voyais l’histoire se dessiner petit à petit sous mes yeux. De fait, quand j’ai eu la fin où Lily et Hisao se séparent, ouep, ça m’a fait quelque chose. De même que quand je jouais les autres routes, j’étais quelque part gêné que Lily se comporte en amie (si route d’Hanako) ou en vague connaissance (les autres), après tout ce que je connaissais du personnage, et comment elle était tombé amoureuse de Hisao.
Après hélas, les mécaniques de jeu commencent à poindre, même si j’y reconnais encore de la subtilité (dire un « mouais » ou un « oui » à l’infirmier à propos de son coeur permet purement et simplement de fréquenter Emi), et l’artificialité ressort.
J’ai quand même bien aimé la route d’Emi, me retrouvant à la limite de jurer devant mon écran (« mais bordel, Hisao t’aime, tu vas le laisser t’aider espèce de Pistoriusette, hein ? »), et un peu celle d’Hanako.
Shizune…non. Elle est déjà tellement dure à débloquer sa route, pour un personnage que j’aime pas.
Et amusant de noter par contre que Rin m’a laissé plus froid qu’une porte de frigo. Ca doit être la raison pour laquelle j’ai laissé en plan ma partie quand Hisao commence à la fréquenter.
Bref. Tout çe nécropost pour dire que pour une première VN, c’était bien. Et que j’essaye même d’en parler autour de moi.
Une dernière chose qui s’adresse plus particulièrement à Mad : je me suis rendu compte qu’avec Katawa, c’était le second univers que tu me poussais à découvrir, avec MLP. Je ne regrette pas une seconde d’avoir retrouvé ton site après la mort du Post 🙂
Hi hi.
T’es pas la seule personne. Je me souviens qu’une amie m’a dit qu’elle s’était mise à MLP, puis Homestuck à cause de moi et « en plus, il m’a poussé à lire une visual novel sur les handicapés. »
je suis le seul a bien aimer shizune enfin je prefere misha mais bon
j’aime bien kenji il me fait délirer