La chronique facile du mercredi

Attentats : Les mèmes sont-ils notre doudou de sûreté ?

Une chronique façon “édito” cette semaine.

Alors que j’étais parti initialement pour parler d’une grosse couillonnade afin de faire un peu oublier l’actualité angoissante, mais je me suis dit que c’est l’occasion de parler d’une chose que j’aborde assez peu dans mes chroniques : le côté “rassurant” des symboles.

Janvier : “Je Suis Charlie.”

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Peu de temps après l’attentat du 7 janvier contre les locaux de “Charlie Hebdo”, on voyait le hashtag “#JesuisCharlie” se répandre partout et  j’avais fait un rapide straw-poll pour savoir si je devais ou non aborder ce sujet. Le score fut serré, mais le “non” fut vainqueur avec un consensus “c’est trop tôt, parles-en dans un mois.” Et puis, un mois plus tard, on parlait d’autre chose. J’ai voulu reprendre ce sujet, mais plus ça allait, plus je me rendait compte qu’il était devenu ringard et qu’il avait tellement été vidé de son sens que faire une chronique là dessus n’aurait servit à rien.

Pourtant, “Je suis Charlie” est un exemple idéal de mème dans sa construction : sortie de nulle part par un anonyme (Joachim Roncin) peu de temps après l’attentat, il fut réutilisé par un grand nombre de gens afin de montrer qu’ils étaient concernés, choqués ou triste de ce qui est arrivé. Le mot s’est répandu comme hashtag sur Twitter, les gens ont changés leurs images de profil sur Facebook, le terme à été repris dans les médias plus traditionnels.

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Persons hold placards saying Je Suis Charlie - I am Charlie

 

Puis le travail de deuil s’est arrêté, dès le lendemain, les gens se mirent à poster des “Je ne suis pas Charlie” en réaction à telle ou telle chose, le terme à commencé à être la cible de  détournements comiques.

ap,550x550,12x16,1,transparent,tAu point qu’il s’est muté en “C’est Charlie” ou “C’est pas très Charlie” pour parler de la liberté, de la possibilité de caricaturer ou des lois sécuritaires.  Au final, le “Je Suis X” ou “Je suis Y” est revenu aussi bien pour montrer sa peine face à un événement que pour pouvoir jouer les outrés. (L’extrême-droite à tenté de s’approprier des détournements plus d’une fois…)

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Novembre : “Peace for Paris.”

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Retour vendredi 13 novembre au soir. Tout le monde apprend avec stupeur ce qu’il était en train de se passer à Paris : des attentats coordonnés, un nombre de mort en augmentation. Facebook nous informe que nos proches parisiens sont en sécurité, tandis que sur Twitter les appels à témoignage pour savoir si telle ou telle personne qui était au Bataclan ce soir là va bien.

Après minuit surgit ce dessin qui devient viral et qui se répand sur Facebook, ainsi qu’un hashtag “#PeaceforParis” suivit pour les plus religieux de celui de “#PrayforParis.” Le dessinateur de l’image se nomme Jean Jullien, un nantais qui vit à Londres. Dans les jours qui suivent, ce dessin représentant la tour eiffel qui forme le symbole de la paix sera réutilisé dans les hommages.

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Ce n’est pas le seul symbole qui sera utilisé. Paris étant la capitale de la France, le fait d’apposer son drapeau français à son avatar Facebook, de chanter la Marseillaise ou d’éclairer un bâtiment en bleu-blanc-rouge est devenu un signe de soutien. La devise de Paris “Fluctuat Nec Mergitur” (“Il est secoué (par les flots) mais ne coule pas.”)

Members of a group of street artists paint a mural reading Paris' motto "Fluctuat nec mergitur", a Latin phrase meaning "Tossed but not sunk" in tribute to the victims of the Paris' attacks on November 14, 2015 in Paris. Islamic State jihadists claimed a series of coordinated attacks by gunmen and suicide bombers in Paris that killed at least 128 people in scenes of carnage at a concert hall, restaurants and the national stadium. AFP PHOTO/MARTIN BUREAU

Des symboles pour se rassurer :

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Face à une nouvelle atroce, qui nous dépasse et qui est collective, on a du mal à mettre des mots sur ce que l’on ressent. Les nouvelles sont confuses, les amalgames sont faciles et l’on a l’impression qu’on va dire une bêtise. Et survient un dessin ou un mot, très souvent très simple, qui permet aux gens de dire “ça me touche” ou “je me sens concerné.”

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Au fond, c’est là aussi que se niche le concept de “mème internet” : chacun se l’approprie et il reflète aussi l’ambiance générale, l’avis que porte la conscience collective sur telle ou telle chose. Ca peut être de l’ironie, de l’humour, tout comme de l’horreur, de la colère ou de la tristesse.

Oui, les mèmes ne sont pas forcément des choses drôles. Ceci dit, au fur et à mesure l’humour reprend le dessus.

Twitt

Lurk Moar :

Aucun commentaire

  1. Elntahl
    18 novembre 2015

    Très bon article mais lire “les attentats du 11 janvier”, ça fait mal.

    • Mad Chien
      18 novembre 2015

      Oups, c’est vrai c’était le 9 (le 11 c’était le rassemblement…)

  2. sacreb
    18 novembre 2015

    Bizarrement j’arrive pas à mettre Charlie hebdo et le 13 novembre dans le même panier … Le premier Etait un attentat qui visait des caricatureurs pour leur dessin alors que là le but c’était de faire le plus de victime possible . Les attentats de Janvier , on s’est plus recueilli sur la liberté d’expression et on utilisait le terme de “Charlie hebdo ” pour représenter la liberté Et non les personnes mortes . Là on s’en souvient car ça aurait pu être n’importe qui . Charlie est justement devenu un meme , montrant bien qu’une fois la pillule passé , au fond ce n’était pas la pire chose au monde et que c’était juste une mode d’être charlie .Alors que là cet attentat avec presque 130 morts c’est justement la peur qui nous a pris en premier et non l’indignation môme avec Charlie .

    • Mad Chien
      19 novembre 2015

      Je ne compare pas les attentats par leur nombre de morts ou l’identité de leurs victimes, mais par l’effet que cela a produit sur internet.

  3. TheLuc48
    21 novembre 2015

    Je change totalement de sujet, parle une fois de Animeme dans une de tes chroniques!

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